Remise à l’eau : Son efficacité et comment la pratiquer
Par Patrick Savard
publié le lundi 17 septembre 2007
Les pêcheurs qui font de la remise à l’eau sont de plus en plus nombreux chaque année. Toutefois, on sait pertinemment qu’un certain pourcentage des poissons graciés mourront des suites de cette pratique. Parfois, on se demande aussi quelles sont les meilleures techniques et équipements à utiliser afin de maximiser les chances de survie des poissons qu’on relâche. De très nombreux scientifiques se sont penchés sur la question, et les experts du gouvernement ontarien ont produit un rapport détaillé sur les différentes espèces et les différentes variables en jeu lors d’une remise à l’eau. Vous trouverez ci-dessous une traduction de ce rapport public, qui nous éclaire sur bien des points fascinants et nous porte à la réflexion sur certaines de nos habitudes. Bonne lecture!
Pêche avec remise à l’eau : Guide des techniques de manipulation appropriée du poisson
S.J. Casselman
Section des pêches
Ministère des Ressources Naturelles de l’Ontario
Juillet 2005
Sommaire
Les pêcheurs pratiquent de plus en plus la prise et remise à l’eau du poisson vivant. Cette augmentation a deux raisons : les pêcheurs considèrent que la technique va dans le sens de la conservation et les gestionnaires des pêches la prescrivent. Malgré le recours très fréquent à la prise et remise à l’eau, il existe en règle générale un manque de compréhension concernant la mortalité qu’elle engendre et l’incidence que peut avoir la variété des techniques sur le taux de mortalité.
Heureusement, l’élargissement de cette pratique par les pêcheurs a coïncidé avec des recherches poussées dans ce sens. Quoique la majorité des études à ce jour aient porté sur des espèces particulières, il est possible de faire des recommandations d’ordre général en fonction des renseignements disponibles.
Bien que la pêche avec remise à l’eau soit physiologiquement stressante, ce stress et par conséquent la mortalité peuvent être minimisés si on respecte certaines directives générales. Les pêcheurs doivent posséder du matériel de pêche approprié à l’espèce pêchée, permettant ainsi une capture rapide. L’usage d’hameçons sans ardillons et d’hameçons circulaires devrait être envisagé afin de réduire le temps de remise à l’eau requis. Le poisson devrait passer un minimum de temps hors de l’eau et être relâché rapidement. On doit tenir compte de la profondeur de la capture, de l’emplacement de l’hameçon et de la quantité de sang perdu avant de décider si un poisson doit être remis à l’eau ou non.
Le poisson sera blessé le moins possible si l’opération de prise et remise à l’eau est effectuée correctement. Cette pratique devrait donc être encouragée. Toutefois, en raison des différences existant entre les espèces relativement aux techniques de capture avec graciation, on recommande la poursuite des recherches afin d’élaborer des directives particulières aux espèces.
Introduction
Au cours des dernières décennies, la remise à l’eau est devenue une pratique courante auprès des pêcheurs. Dans un rapport des pêcheries sportives de l’Ontario produit en 2000, seulement 5% des pêcheurs ayant pris part à l’étude ont affirmé ne pratiquer aucune graciation (OMNR 2003). La remise à l’eau peut être pratiquée de façon volontaire ou par le support de la réglementation. En Ontario, les limites de taille sont utilisées comme technique de gestion dans plusieurs plans d’eau pour une variété d’espèces piscicoles. Il peut être obligatoire de gracier un poisson s’il sa taille est inférieure à la taille minimum, supérieure à la taille maximum permise, ou encore dans une tranche de taille protégée. De plus, les pêcheurs peuvent pratiquer la remise à l’eau de façon volontaire comme technique de conservation.
L’une des composantes de base de l’augmentation de la graciation, tant chez les pêcheurs que chez les gestionnaires, est la présomption que le poisson gracié survit à cette expérience. Cette présomption provient de l’observation du fait que lorsqu’un poisson est relâché suite à sa capture, il s’éloigne par lui-même, apparemment sans heurt. Par contre, la recherche indique que la majeure partie de la mortalité se produit quelques temps après la remise à l’eau (Muoneke et Childress, 1994), et c’est donc dire que les poissons apparemment an santé lors de la graciation peuvent souffrir plus tard de blessures ou de détresse causés par la pratique de la remise à l’eau. Étant donné l’impact potentiel de la mortalité sur le succès de la remise à l’eau et tant que mesure de gestion, on constate un accroissement de la demande afin de comprendre le taux de mortalité causé par la graciation et pour déterminer comment les différents facteurs peuvent affecter le taux de survie des poissons.
L’impact de la mortalité causé par la pratique de la remise à l’eau est souvent sous-estimé tant par les pêcheurs que par les gestionnaires de la ressource. En tenant en ligne de compte 118 études sur la remise à l’eau qui, au total, comptent des données sur plus de 120000 poissons, la moyenne de la mortalité associée à la pêche avec graciation était de 16.2%. Ainsi, bien que plusieurs pêcheurs présument que par la pratique de la remise à l’eau, ils n’ont aucun impact sur la population de poisson, un nombre significatif des poissons relâchés peuvent mourir. De surcroît, plusieurs pêcheurs continueront à pêcher après avoir effectué leur nombre légal de captures sous prétexte qu’ils relâcheront toutes les captures subséquentes, mais souvent ils ne tiendront pas compte du nombre de poissons qui mourront par inadvertance des suites de cette pratique.
Le but de la présente étude est de synthétiser la connaissance actuelle reliée à la pêche avec remise à l’eau et de développer des lignes directrices afin de minimiser la mortalité engendrée par la pratique de la remise à l’eau. Bien que les tournois de pêche connaissent une augmentation en Ontario, cette étude n’examine pas les spécificités de la pêche de tournoi. Par contre, dans certains cas, des données provenant de recherches spécifiques sur les tournois seront présentées, lorsqu’elles peuvent être appliquées à des situations de pêche hors-tournoi. Étant donné la nature toute particulière de la pêche de tournoi et l’augmentation de la popularité de ces même tournois, une étude des pratiques des tournois devrait être réalisée.
Par Patrick Savard
publié le lundi 17 septembre 2007
Les pêcheurs qui font de la remise à l’eau sont de plus en plus nombreux chaque année. Toutefois, on sait pertinemment qu’un certain pourcentage des poissons graciés mourront des suites de cette pratique. Parfois, on se demande aussi quelles sont les meilleures techniques et équipements à utiliser afin de maximiser les chances de survie des poissons qu’on relâche. De très nombreux scientifiques se sont penchés sur la question, et les experts du gouvernement ontarien ont produit un rapport détaillé sur les différentes espèces et les différentes variables en jeu lors d’une remise à l’eau. Vous trouverez ci-dessous une traduction de ce rapport public, qui nous éclaire sur bien des points fascinants et nous porte à la réflexion sur certaines de nos habitudes. Bonne lecture!
Pêche avec remise à l’eau : Guide des techniques de manipulation appropriée du poisson
S.J. Casselman
Section des pêches
Ministère des Ressources Naturelles de l’Ontario
Juillet 2005
Sommaire
Les pêcheurs pratiquent de plus en plus la prise et remise à l’eau du poisson vivant. Cette augmentation a deux raisons : les pêcheurs considèrent que la technique va dans le sens de la conservation et les gestionnaires des pêches la prescrivent. Malgré le recours très fréquent à la prise et remise à l’eau, il existe en règle générale un manque de compréhension concernant la mortalité qu’elle engendre et l’incidence que peut avoir la variété des techniques sur le taux de mortalité.
Heureusement, l’élargissement de cette pratique par les pêcheurs a coïncidé avec des recherches poussées dans ce sens. Quoique la majorité des études à ce jour aient porté sur des espèces particulières, il est possible de faire des recommandations d’ordre général en fonction des renseignements disponibles.
Bien que la pêche avec remise à l’eau soit physiologiquement stressante, ce stress et par conséquent la mortalité peuvent être minimisés si on respecte certaines directives générales. Les pêcheurs doivent posséder du matériel de pêche approprié à l’espèce pêchée, permettant ainsi une capture rapide. L’usage d’hameçons sans ardillons et d’hameçons circulaires devrait être envisagé afin de réduire le temps de remise à l’eau requis. Le poisson devrait passer un minimum de temps hors de l’eau et être relâché rapidement. On doit tenir compte de la profondeur de la capture, de l’emplacement de l’hameçon et de la quantité de sang perdu avant de décider si un poisson doit être remis à l’eau ou non.
Le poisson sera blessé le moins possible si l’opération de prise et remise à l’eau est effectuée correctement. Cette pratique devrait donc être encouragée. Toutefois, en raison des différences existant entre les espèces relativement aux techniques de capture avec graciation, on recommande la poursuite des recherches afin d’élaborer des directives particulières aux espèces.
Introduction
Au cours des dernières décennies, la remise à l’eau est devenue une pratique courante auprès des pêcheurs. Dans un rapport des pêcheries sportives de l’Ontario produit en 2000, seulement 5% des pêcheurs ayant pris part à l’étude ont affirmé ne pratiquer aucune graciation (OMNR 2003). La remise à l’eau peut être pratiquée de façon volontaire ou par le support de la réglementation. En Ontario, les limites de taille sont utilisées comme technique de gestion dans plusieurs plans d’eau pour une variété d’espèces piscicoles. Il peut être obligatoire de gracier un poisson s’il sa taille est inférieure à la taille minimum, supérieure à la taille maximum permise, ou encore dans une tranche de taille protégée. De plus, les pêcheurs peuvent pratiquer la remise à l’eau de façon volontaire comme technique de conservation.
L’une des composantes de base de l’augmentation de la graciation, tant chez les pêcheurs que chez les gestionnaires, est la présomption que le poisson gracié survit à cette expérience. Cette présomption provient de l’observation du fait que lorsqu’un poisson est relâché suite à sa capture, il s’éloigne par lui-même, apparemment sans heurt. Par contre, la recherche indique que la majeure partie de la mortalité se produit quelques temps après la remise à l’eau (Muoneke et Childress, 1994), et c’est donc dire que les poissons apparemment an santé lors de la graciation peuvent souffrir plus tard de blessures ou de détresse causés par la pratique de la remise à l’eau. Étant donné l’impact potentiel de la mortalité sur le succès de la remise à l’eau et tant que mesure de gestion, on constate un accroissement de la demande afin de comprendre le taux de mortalité causé par la graciation et pour déterminer comment les différents facteurs peuvent affecter le taux de survie des poissons.
L’impact de la mortalité causé par la pratique de la remise à l’eau est souvent sous-estimé tant par les pêcheurs que par les gestionnaires de la ressource. En tenant en ligne de compte 118 études sur la remise à l’eau qui, au total, comptent des données sur plus de 120000 poissons, la moyenne de la mortalité associée à la pêche avec graciation était de 16.2%. Ainsi, bien que plusieurs pêcheurs présument que par la pratique de la remise à l’eau, ils n’ont aucun impact sur la population de poisson, un nombre significatif des poissons relâchés peuvent mourir. De surcroît, plusieurs pêcheurs continueront à pêcher après avoir effectué leur nombre légal de captures sous prétexte qu’ils relâcheront toutes les captures subséquentes, mais souvent ils ne tiendront pas compte du nombre de poissons qui mourront par inadvertance des suites de cette pratique.
Le but de la présente étude est de synthétiser la connaissance actuelle reliée à la pêche avec remise à l’eau et de développer des lignes directrices afin de minimiser la mortalité engendrée par la pratique de la remise à l’eau. Bien que les tournois de pêche connaissent une augmentation en Ontario, cette étude n’examine pas les spécificités de la pêche de tournoi. Par contre, dans certains cas, des données provenant de recherches spécifiques sur les tournois seront présentées, lorsqu’elles peuvent être appliquées à des situations de pêche hors-tournoi. Étant donné la nature toute particulière de la pêche de tournoi et l’augmentation de la popularité de ces même tournois, une étude des pratiques des tournois devrait être réalisée.